C’était il y a longtemps (2013), mais c’était déjà pareil. Lille3000 exposait « Natures artificielles ». En 2019, l’expo « La Déesse verte » de la Gare Saint Sauveur enfonce le clou d’une nature domestiquée, hybridée, génétiquement modifiée : « comme un cyborg, chaque feuille, chaque plante, chaque organisme a la capacité constante de muter, de remettre à zéro ses circuits pour s’adapter à des nouvelles circonstances », prétend le document destiné à la presse.
Nature-machine pour humains-machines dans monde-machine : voici ce que disait Hors-sol face à cette idéologie de la domestication :
« Natures artificielles » : cet oxymore nomme la fuite en avant technologique vers l’hybridation du vivant et de la machine. La contradiction entre nature et culture est réputée obsolète – la technologie l’ayant digérée au profit de l’innovation économique.
Naturaliser l’artifice technologique et nous acclimater à l’artificialisation de la nature, voilà le sens de cette expo présentée à la gare Saint Sauveur au printemps 2013. Son propos soit-disant « transgressif » n’étant qu’une pièce du discours officiel, les artistes ne font qu’esthétiser ces « transgressions » technologiques qui nous précipitent dans un « néo-milieu naturel » : le monde-machine.Certes, à toutes les époques l’art dominant est celui de la classe dominante, à des fins de célébration aussi bien vis-à-vis d’elle-même que des classes dominées. Le pouvoir se montre en beauté et manifeste par là même son génie. Ce que nous dit « Natures artificielles » et des milliers de manifestations semblables chaque année en France et dans le monde, c’est que nous sommes bien à l’ère technologique et dans la technosphère, dont la technocratie est la classe dominante.
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